Un baiser pour les morts et un baiser pour les vivants, 2015
Plexiglas, gélatine réfléchissante, charbon, enceintes
260x120cm
Vue de la galerie droite de l’ENSBA, Paris
Un baiser pour les morts et un baiser pour les vivants est une oeuvre composée de deux mosaïques dont les joints sont faits en poudre de charbon. Ces deux mosaïques font directement références aux auréoles des saints représentés sur les icônes orthodoxes. De façon conventionnelle, on représente les auréoles carrées pour les saints toujours vivants et les rondes pour ceux trépassés.
Les deux socles sur lesquelles reposent les mosaÏques contiennent des enceintes qui, pendant le temps de l’exposition, diffusaient un enregistrement sonore de l’Eglise Saint-Sava à Belgrade. L’enregistrement provient d’un micro qui avait été placé sur le verre d’une des icônes de l’église embrassée à plusieurs reprises.
En outre, dans la linguistique russe, le terme «poceluj» (поцелуй) signifie «embrasser». Il comporte le radical «cel» qui signifie «le souhait d’être intact et préservé».
L’oeuvre est à la fois un riche travail sur la «gramma» entendue comme la structure cognitive de l’homme autant qu’un travail sur le lien entre vivants et morts. Une image sainte, une icône, est éternelle, celui qui y est représenté reste présent autant que celui vivant encore.
«Embrasser une image» est une expression chimérique car l’association des deux ne semble pas possible. Les deux termes allient sans vergogne une action purement charnelle à une entité extrêmement fonctionnelle comme le langage aime souvent à associer des verbes transitifs à des entités abstraites. Pour autant, le travail de l’artiste tend à révéler cet impossible, illustrant ainsi les propos de Paul Klee «l’art ne représente pas le visible, il rend visible».